Samyama
Le samyama comprends les 3 derniers membres de l’Ashtanga yoga qui sont dhyana, dharana et samadhi.
Dharana, le sixième membre
C’est la pratique d’exercices de concentration sur un point. On retrouve ici le lien avec la pratique dynamique des séries d’asanas développées par Jois avec l’utilisation de drishtis (point d’attention, regard fixe, sur un point) . L’attention du regard y est maintenu pendant la posture sans cligner les yeux. Dans la méthode de Jois, il en existe plusieurs : nasagrai (pointe du nez), angusta ma dyai (pouces), brumdhya (espace entre les sourcils), nabi chakra (nombril), urdhva (ciel), hastagrai (main), padhayoraprai (orteils), parsva (au loin à gauche ou à droite). Ces points sont en correspondance avec certains points marma et sthana décrits en médecine ayurvédique.
Les points marma ou points cachés ou secrets, sont les points de convergence entre physiologie et conscience. Ils sont utilisés en massage ayurvédique et dans l’art martial indien, le kalarippayat, comme des points vitaux. Par leur stimulation extérieure, il est possible selon ces traditions d’agir sur le système nerveux, lyphatique et hormonal.
Les stahna sont des zones du corps utilisées comme support de méditation ou de concentration. Ces points d’attention peuvent être utilisés pendant la pratique d’asana ou du pranayama. . Les yoga sutras de Patanjali confèrent à la méditation sur certains de ces points ,le potentiel de développer certaines habilités spéciales.
La pratique de dharana est une mise en relation de la conscience avec un point, un espace donné. Elle permet de ralentir, voir d’immobiliser les fluctuations du mental et d’être pleinement attentif au lien sujet/objet, observateur/observé. Pratiquer cet anga avec régularité et intensité prépare à l’étape suivante, la méditation.
Dhyana, le septième membre
Dhyana, vient de dhyai qui signifie « méditer » ou « contempler ». C’est la méditation, la contemplation de son espace intérieur. La racine dhyan, a donné la racine tchan en chinois et zen en japonais. C’est un état d’attention stabl et continu sur un objet. Dans cet état, l’observateur est détaché de ses émotions, des fluctuations de son mental. Il voit entend, sens sans porter de jugement, il est, simplement dans l’instant présent. Dans la pratique d’Ashtanga Vinyasa Yoga, les jalons posés par les asanas, le vinyasa, le pranayama, l’utilisation de dristhis et de bandhas sont autant de points d’attention qui une fois maîtrisés par la pratique régulière et assidues, permettent un lâcher prise et une réelle méditation, en mouvement. On y retrouve aussi la méditation assise dans la posture du lotus, Padmasana à la fin de la première série . A ce sujet Rollin Becker, ostéopathe met en valeur les vertus d’une posture assise reposant sur les ischions et sur les cuisses. Selon lui, cela permet de suspendre son mécanisme respiratoire primaire entre ciel et terre. Cela signifie , une libre mobilité du sacrum entre les iliaques, du rachis et du crâne. Pour lui c’est un auto-traitement dans lequel le potentiel inhérent va pouvoir pleinement s’exprimer en permettant une libre circulation du Liquide Céphalo Rachidien.
On retrouve cette idée de que la méditation influe sur notre système nerveux à travers les études sur le cerveau de Ricard et Lutz (2004) qui démontrent la neuroplasticité du cerveau chez les méditants de longue date.
Pour le biologiste Jonas Salk, la pratique du za-zen (méditation de tradition japonaise) est un moyen qui « permet au soma de s’harmoniser avec les rythmes énergétiques et cosmiques qui régissent aussi les rapports entre cellules et molécules. »
Selon Taisen Deshimaru, un maître zen japonais qui a enseigné en France, le zen pratiqué de manière quotidienne, développe la conscience et l’intuition. Elle s’établit sur trois piliers : la concentration sur la posture, la respiration et l’attitude mentale.
Samadhi, le huitième membre
Sama veut dire « même » tandis que adhi signifie « le plus haut ». C’est l’ultime étape du yoga à huit membres. C’est un état de méditation profonde dans lequel l’objet observé et l’observateur ne font qu’un : la contemplation. C’est état de félicité est difficile à décrire précisément . Pour John Scott, « C’est le fruit qui donne les graines pour la prochaine génération d’arbres. Et c’est la seule partie de l’arbre qui soit comestible et savoureuse. Nous consommons le fruit et sommes consommés en lui. »
Pour Deshimaru, par une pratique régulière et longue de la méditation za-zen, on peut arriver à un état dépourvu de pensée, au-delà de la pensée appelé hishiryo ou vraie pureté. Selon lui, cet état permet de connaître la vrai nature divine de l’homme, l’état de Buddha.