Le pratyhara est le cinquième membre de l’ashtanga yoga décrit dans les yoga sutra de Patanjali.
« Tham yogam iti sthiram indriya dharanam »
C’est le « détachement de l’esprit que se détache des objets extérieurs » selon B.K.S. Iyengar. Cela correspond à un « retournement des 5 sens vers l’intérieur de soi. Pour John Scott (2002), il s’agit du contrôle des sens. Prati signifie « contre » ou « en arrière » et haara, « saisir ». On peut ainsi traduire pratihara par « retenir ». Cette démarche est inhabituelle par rapport à l’utilisation que nous faisons de nos sens. En effet, les stimuli extérieurs captent notre attention en permanence et les éloignent de l’intérieur pour nous projeter vers l’extérieur. Ces exercices sont une manière de revenir à soi, et se préparer à l’observation de notre monde intérieur en se coupant de toute distraction extérieure. Le contrôle de l’attention s’obtient par une observation de son rythme respiratoire, de ses pensées en apprenant à les constater sans pour autant les chasser. C’est un moyen de laisser aller ses fluctuations mentales sans y s’y attacher en orientant son attention sur des points précis (respiration, point d’attention localisé). Elle fait intervenir le « drasthu », notre témoin intérieur qui observe, constate sans agir ni même juger .
Dans la pratique , prathyara peut être utile pour prendre conscience des fluctuations mentales qui peuvent interférer avec la qualité de notre état de présence, notre stabilité psychique. D’autre par être à
l’écoute des informations proprioceptives, nociceptives, est une façon de réguler notre posture et notre attitude mentale au quotidien.
Une approche pratique de pratyhara en yoga nidra
Le pratyhara est une discipline de l’être, c’est cultiver un certain lâcher prise. Ici pas question de contrôler sa posture ou bien son souffle, l’objet de cette pratique est de ne rien faire physiquement comme mentalement. Pratyhara, c’est laisser le corps relâché au maximum, y compris les contractions involontaires liées à la posture, aux émotions à l’activité cérébrale. Ce membre de l’ashtanga yoga est développé plus particulièrement en yoga nidra ou yoga du sommeil.
Dans ce type de yoga, on utilise la posture du cadavre ou de l’homme mort (savasana), dans laquelle le corps gît sur le sol en décubitus dorsal, complètement relâché, est la posture de choix pour s’entraîner au pratyhara. Dans cette posture seules les muscles liés aux fonctions végétatives (respiration, battements cardiaques digestion..) fonctionne, le reste des muscles locomoteurs et muscles d’action sont au repos.
Le corps ainsi mis au repos, les informations somesthésiques sont apaisées, la respiration est libre, c’est à dire non-contrôlée comme dans le pranayama. La conscience a alors tout le loisir d’observer les vrittis (ou fluctuations mentales en sanskrits). L’activité psychique et émotionnelle apparait alors plus clairement à la conscience. La conscience d’être conscient devient alors plus évidente. Par ce travail de réception neutre des informations somesthésiques, mentales et émotionnelles il y a alors prise de conscience de l’immensité de son théâtre intérieur où se jouent des milliers d’actions subtiles par seconde. C’est donc aussi un moyen pour la conscience d’investir son espace physique, et son espace psycho-émotionnel, sans s’y identifier.
Pratyhara pour cultiver la Non-dentification
Cette notion de non-identification est très importante dans le yoga. Si nous pouvons sentir notre corps, ressentir des émotions, observer le flux de nos pensées, c’est que d’une certaine manière notre conscience observe toute ces manifestations comme on observe des oiseaux passer dans le ciel: ils apparaissent du néant, demeurent dans notre champs de vision, puis disparaissent dans le néant. Le pratyhara donne accès à cette notion de non-identification et cultive un aspect fondamentale de la philosophie yoguique: la conscience n’est pas le corps, elle n’est pas non plus les manifestions psycho-émotionnelles. Elle est un observateur distinct de ces phénomènes physiques et psychique qui peut mettre les mettre à distance et ainsi les contrôler. Par conséquent, cultiver pratyhara, c’est apprendre à ne plus être contrôlé par son corps ou par ses émotions ou ses pensées. C’est apprendre à développer une conscience de Soi qui est permanent, stable et imperturbable au cœur de ce flux incessant de stimuli physiques et psychiques.
Enseignement du pratyhara à Bayonne
En tant qu’enseignant d’ashtanga yoga sur Bayonne, je réserve toujours une part de mon cours à la transmission de pratyhara, que ce soit lors de mouvements du vinyasa, ou bien en position de relaxation de fin de séance. A travers, une orientation verbale le pratiquant est guidé vers des états de conscience modifiés, qui lui facilitent l’accès à l’intéroception. Selon la période lunaire, certains cours de raja yoga sont orientés vers de longues relaxations guidées en yoga nidra afin que chacun puisse explorer en profondeur son intérieur .